Orientation: Influence des grands-parents?

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Influence du métier des grands-parents dans l’orientation?

 

http://www.psychomedia.qc.ca/societe/2013-07-01/influence-des-grands-parents-sur-la-position-professionnelle

 

Intéressant cette étude de Tak Wing Chan de l’Université d’Oxford et de Vikki Boliver de l’Université de Durham publiée dans l’American Sociological Review sur une population britannique qui montre l’influence des grands-parents sur le statut socio-professionnel des petits enfants. Il y aurait donc une corrélation entre le métier des grands-parents et le choix du métier des petits-enfants, indépendamment du métier des parents. Cette étude démontre trois choses:

  • lorsque les grands-parents ont une position socio-professionnelle élevée, les petits-enfants auront tendance à rechercher un statut socio-professionnel de même niveau, et ce, même si les parents ont connu eux, une mobilité descendante dans l’échelle sociale.
  • lorsque les grands-parents et les parents ont une position socio-professionnelle élevée, les petits-enfants maintiendront ce positionnement à 80% pour les hommes et 66% pour les femmes.
  • a l’inverse, lorsque les grands-parents exerçaient un métier non qualifié et que les parents exerçaient une fonction de cadre ou libérale, seuls 61% des hommes et 51% des femmes réussissent à occuper un emploi de cadre ou libérale.

Comment analyser ces données? Que nous disent-elles sur les liens générationnels qui se jouent dans l’orientation professionnelle?

On peut émettre plusieurs hypothèses d’un point de vue psychologique. Est-ce que les enfants, dans l’opposition à leurs propres parents, s’identifient davantage à leurs grands-parents? Cette tendance à l’opposition au modèle parentale propre à l’adolescence pourrait avoir une influence dans le choix du métier. Les enfants, alors en quête d’un nouveau modèle identitaire se réfèrent au modèle grand-parental qui reste rassurant pour eux.

Une deuxième hypothèse pousserait à émettre l’idée que les parents, qui avec le recul, ont conscience de leur mobilité vers le bas de leur statut socio-professionnel, ont davantage « poussé » et « encouragé » leurs enfants à ne pas reproduire les mêmes « erreurs »? Est-ce là une nouvelle manière pour ces parents de « défier » à nouveau, et de manière inconsciente, leur propre modèle parental en impulsant davantage une dynamique de quête de métiers dit prestigieux? Ou au contraire, un moyen de se « racheter » auprès de leurs parents en faisant en sorte que leurs enfants répondent aux désirs non assouvis de leurs propres parents?

Enfin, la troisième hypothèse qu’on peut poser est la suivante: les enfants prennent-ils inconsciemment la place laissée vacante par leur parent dans les ambitions socio-professionnelles des grands-parents envers leur descendance? L’attente générationnelle étant toujours inconsciemment présente et potentiellement forte dans cet ensemble générationnel, les enfants viendraient répondre aux désirs manifestes des grands-parents et par là-même « sauver » leur propre parent de ce manquement envers leur géniteur. Par analogie avec la théorie de Monique Bydlowski dans son oeuvre « La dette de vie » où elle évoque cette dette envers la mère qui a donné la vie et qu’il va falloir rembourser en donnant la vie à son tour; est-ce là, une manière pour le parent de satisfaire cette dette envers son parent? Le petit enfant vient donc « réussir » aux yeux des grands-parents, comme un enfant offre un cadeau à son père.

La clinique de l’orientation est encore assez pauvre, on peut émettre certaines hypothèses qu’il serait intéressant d’approfondir avec une population élargie.